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Les mots fleuris de la botanique

Sépales pétaloïdes! Involucre à trois bractées verticillées! Ces expressions ne sont pas des insultes du capitaine Haddock, mais des termes de botaniques. Avec l’arrivée des premières fleurs de l’année, c’est le bon moment pour réviser quelques notions de base. Au premier regard, la fleur de l’éranthe d’hiver (Eranthis hyemalis) fait penser à un bouton d’or, qui aurait couché avec une anémone des bois. Et bien oui, c’est bien dans la même famille qu’il faut la classer. Avec sa fleur jaune lumineuse caractéristique, elle appartient à la grande lignée des Renonculacées. Son nom vient du grec êr, le printemps, et anthos, la fleur, tandis que hiems, signifie l’hiver. L’éranthe est donc littéralement la fleur de printemps en hiver.





On passe à la botanique? On commence avec un peu de vocabulaire! Cette fleur solitaire au port érigé est sessile, ce qui signifie qu’elle se présente au bout d’une tige dépourvue de pédoncule. Elle est directement insérée dans un involucre de trois bractées verticillées et palmatipartites. Nous allons décortiquer cette phrase mot à mot. L’involucre est l’ensemble des bractées réunies à la base d’une fleur ou d’une inflorescence, tandis que les bractées sont des organes foliacés situés à la base d’une fleur. Quant à l’adjectif verticillé, il est utilisé lorsque certaines parties de la plante sont insérées de manière circulaire autour d’un axe. Enfin, palmatipartite définit une pièce foliaire, dont les divisions ou les nervures divergent et évoquent les doigts.

Ce qu’on prend au premier abord pour des pétales sont en fait des sépales dits pétaloïdes. Les sépales sont habituellement verts et ont pour fonction principale de protéger le bouton floral, ce qui est le cas chez l’éranthe d’hiver, où ils sont généralement au nombre de six, semblables à une collerette de feuilles. Pétaloïde veut dire que l’organe ressemble à un pétale (il a souvent la même couleur et joue le même rôle), mais il est d’une autre nature.


L’éranthe d’hiver, premier sourire lumineux du printemps...

Les véritables pétales de notre rustique sont, eux, bien plus petits, inséré entre les sépales et les étamines. Ils ont une forme de nectaire tubuleux à deux lèvres, le nectaire étant la glande ou la structure qui porte les glandes secrétant le nectar.

Viennent enfin les étamines, très nombreuses, insérées en spiral, qui sont les pièces florales reproductrices mâles. Et, au centre, également insérés en spirale, les carpelles, organes femelles qui donneront à maturité des follicules, fruits secs contenant plusieurs graines.


L’ensemble de ces particularités font de l’éranthe d’hiver une plante caractéristique de la famille des Renonculacées.


Pour conclure, on pourra saluer la force de l’éranthe d’hiver, premier sourire lumineux du printemps, qui est capable de s’ouvrir même sous la neige. Délicatement parfumée, elle se referme le soir ou par temps couvert, formant une petite boule lorsque le soleil disparaît. Elle colonise talus et rocailles, en compagnie des premières fleurs du printemps, les perce-neige, crocus, narcisses et autres anémones.


Des outils indispensables pour entrer en botanique:

  • Flora helvetica – Flore illustrée de Suisse, 5e édition, Lauber Konrad, Wagner Gerhart, Gygax Andreas, Haupt Verlag, 2018, 1686 p., ISBN 978-3-258-08050-5

  • Glossaire illustré pour la botanique de terrain, Eggenberg Stefan, Fragnière Yann, Sciboz Jacques, Kozlowski Gregor, Haupt Verlag, 2021, 176 pages, ISBN 978-3-258-08176-2



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