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Elle change de sexe aussi vite que son ombre

Voici une plante aux capacités d’adaptation extraordinaire. La mercuriale, utilisée pour soigner les hémorroïdes, devient hermaphrodite en un temps record. En l’absence de mâles, elle se met à produire du pollen pour assurer sa descendance. Un truc de dingue!


La majorité des plantes qui poussent en Suisse – les spécialistes en ont dénombré 94% - sont hermaphrodites (littéralement filles d’Hermès et d’Aphrodite). Cela signifie que sur le même pied, elles peuvent présenter à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles. Soit respectivement des étamines et des pistils. Les 6% sont restants sont dioïques: elles ont «deux maisons». Il y a d’une part les filles, de l’autre les garçons. Chaque pied doit choisir son camp, ou plutôt son sexe.

Le décor est posé. Revenons à notre mercuriale. Cette plante très commune dans toute l’Europe, qui pousse essentiellement sur le plateau romand et dans la vallée du Rhône et qui est considérée comme une «mauvaise herbe» par les jardiniers, est capable, en l’absence de mâles, de produire des fleurs du sexe opposés. Et cela en quelques générations seulement. C’est ce qu’on découvert des chercheurs du Département d’écologie et évolution (DEE) de l’Université de Lausanne (UNIL), qui ont observé de près ce comportement hors norme de la mercuriale annuelle (Mercurialis annua - photo Wikipedia/Michael Becker).

Ces hermaphrodites peuvent non seulement s’autofertiliser. Mais elles sont également capables de disséminer du pollen pour féconder les ovules des autres plantes femelles. Un vrai truc de dingue! Les chercheurs lausannois ont constaté qu’après une génération seulement – soit en un temps qui défie toute concurrence en matière de capacité d’adaptation – les mercuriales annuelles femelles produisaient deux fois et demi plus de fleurs mâles que l’année précédente. Ce n’est pas tout: après quatre générations, ces mêmes mercuriales produisaient 65 fois plus de fleurs mâles que celles qui avaient naturellement grandi en compagnie du sexe opposé.

Les chercheurs ont poussé le bouchon plus loin: ils ont décidé de réintroduire au sein de ces femelles «masculinisées» des mâles. Même en compétition avec ceux-ci, les femelles devenues hermaphrodites durant quatre générations ont persisté et signé: elles ont continué à s’autoféconder et à disséminer du pollen pour fertiliser les ovules des autres mercuriales. Capacité d’adaptation ou opportunisme? Les chercheurs n’ont pas fini de délibérer.



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